Extraits de scènes – Épisode 1, Au commencement, la crise

 

Max et Jordi. 

Père : Tu viens d’où comme ça ?

Fils : On m’a dit que je devais être ici.

Père : Ben oui tu dois être ici pour m’aider pour le boulot.

Fils : Je veux travailler et je veux être humain comme les autres.

Père : Mais tu es humain mon grand. Tu es juste comme ton grand-père, comme ton père, on est comme ça. Jamais tu seras comme… tu as une autre couleur.

Fils : Je veux devenir citoyen.

Père : Tu crois que les choses vont changer juste parce que dans ta tête d’adolescent tu dis « je veux ». Avec ton grand-père on a essayé de se battre on n’est rien ici, rien. On a le droit de bosser de manger. Tu veux quoi de plus ?

Tu me fous la paix. Il se met en colère

Fils : Je veux aller voir Thésée.

Père : T’as pas le droit.

Fils : Pourquoi j’aurais pas le droit ?

Père : Tu crois vraiment que tu vas rentrer comme ça.

Fils : Oui je suis convaincu…

Père, crie : On va pas te laisser entrer.  On n’a pas le droit de parler, on est des étrangers. Nous on sait rester à notre place, d’accord. Si mon père t’entendrait parler.

Fils : Moi j’ai une place ici.

Père : Eh ben tu restes ici ! Moi cet après-midi je t’ai attendu pour m’aider pour le boulot et monsieur

Fils : Je pense à tous ces gens qui veulent devenir des citoyens.

Père, crie toujours : Arrête de penser aux autres, pense d’abord à toi.

Tu penses à ta mère et à moi quand tu veux aller foutre la merde…

Fils : Je veux travailler, aider les autres.

Père : Aide-toi toi même. Tu crois que les autres vont t’aider ? Les citoyens ?

Fils : Bien sûr.

Père : On va chercher la plus belle maison du coin, on va frapper à la porte et on va dire : vous voulez pas nous aider. On va te chasser à coup de fourche.

Fils : Tu racontes n’importe quoi.

Le Mère arrive : Écoute calme toi. Tu vois notre enfant dans quel état il est. Il a le droit d’avoir des rêves.

Père : Non justement. Tu n’as pas le droit. Point barre.

Mère : A son âge tu avais des rêves. Moi je l’ai pas élevé comme ça mon fils.

Père : Ben justement il est beau intelligent, qu’est-ce que tu veux de plus ?

Mère : Qu’il gravisse un peu les échelon de la société…

Père : Justement il n’y a pas. Il n’y a pas d’échelons. On grimpe pas nous.

Mère : Bon c’est un vieux grognon. Écoute, laisse le vivre.

Père : Il va crever ton gamin.

Fils : Mais je vais pas mourir.

Père : Alors écoute ton père.

Ils se disputent. 

Mère : Réfléchis bien à ce que tu veux faire, tu construis ton programme.

Père : Tu veux pas qu’il parte en campagne électorale non plus.

Mère : Pourquoi pas ?

Père : Il a pas de programme, il a des rêves.

Mère : C’est l’essentiel les rêves.

Père : Comment tu veux qu’il s’en sorte si tu lui mets ces conneries dans la tête.

Mère : C’est l’essentiel dans la vie.

Père : Nous on est dans une place on n’est pas autorisé à rêver.

Mère : Ca c’est nouveau. Tu rêves chez toi dans ton lit ta petite maison mais quand tu sors t’arrête de rêver.

Mère : Ton père c’est un tyran, pire que notre roi. Il veut que je reste à la maison faire la broderie.

Père : T’aime ça. Raisonne ton gamin, raisonne le.

Mère : Oui justement je lui dis t’as raison vas y.

Père : Vas y mon grand. passe mon bonjour à Thésée.

Fils : Très bien il va m’entendre ce que j’ai à lui dire.

Mère : Maintenant tu arrêtes ton coeur va s’arrêter. Calme toi.

Père : Je veux boire quelque chose.

Chez l’agriculteur esclave pour dettes. Les enfants ont faim.

Enfant : Papa y a rien à manger ?

Mère : Papa n’a rien ramené. Nous n’avons plus d’argent.

Père : C’est pas du tout ma faute, j’ai travaillé tous les jours tous les jours depuis des années. On me paie pas.

Mère : Tu travailles tout le temps. Tous les jours.

Père : Oui. Je gagne rien, c’est pas de ma faute.

Enfant : T’es pas allé voir Thésée ?

Père : Si je suis allé le voir mais c’est un menteur. Il est comme ça Thésée.

Enfant : Faut que t’ailles le voir à nouveau.

Père : Je peux pas aller voir tous les jours.

Enfant : Mais nous on va mourir.

Père : Si vous insistez.. on va aller ensemble.

Mère : C’est toi qui doit y aller c’est toi qui travailles pour lui.

Père : Je travaille pour lui mais il paie jamais, c’est un menteur. Il fait que mentir.

Enfant : Vous êtes nuls comme parents, pour en arriver là.

Père : C’est pas de ma faute je suis un esclave pour dettes.

Enfant : J’ai pas demandé à naître.

Père : Nous sommes traités comme des animaux.

Enfant : Je vois bien oui que vous êtes traités comme des animaux. Mais moi j’ai pas demandé à naître et maintenant je vais mourir de faim et je vais voir mes frères et soeurs mourir de faim et vous vous faites rien.

Père : On n’a pas le choix. T’es juste venue au monde comme les autres, regarde les autres ils disent rien.

Enfant : C’est vous qui m’avez fait quand même.

Mère : Non elle a raison, tu ne ramène jamais d’argent.

Père : C’est Thésée il me paie pas.

Mère : Il faut que t’ailles le voir. On va y aller ensemble.

Enfant : J’ai faim. On ramène tous nos petits frères et soeurs ?

Père : Non que toi.

Enfant : Mais comment ils vont rester à la maison, ils pleurent.

Père : Ils vont rester si jamais on a quelque chose on va leur ramener.

Enfant : Moi il va m’écouter Thésée ?

Père : Peut-être toi il va t’écouter ? Il va écouter les enfants.

Mère : AH bon il faut qu’on lui montre qu’on souffre.

Enfant : J’ai faim.

 

Ils frappent. 

Thésée : C’est quoi encore ?

Père : C’est encore moi Thésée. Voilà. Je t’ai ramené ma famille.

Mère : Regardez elle souffre elle est maigre. Elle ne mange jamais. Mon pauvre mari se tue à la tâche.

Thésée : On se calme. On s’assoit et on discute calmement.

Enfant : J’ai faim. J’ai faim. J’ai faim Thésée.

Thésée : Vous lui avez pas appris autre chose à dire. Et vous prenez une chaise.

Mère : Non.

Thésée : Restez debout. Vous monsieur asseyez-vous.

Père : Je peux pas m’assoir quand mon enfant a faim.

Enfant : Ça je peux prendre les fruits ?

Thésée : En ben oui. Ça à la rigueur je pourrai, vous pouvez venir manger une fois par semaine.

Enfant : Une fois par semaine c’est bien déjà.

Thésée : Voilà écoutez la jeunesse.

Enfant : Je peux prendre ça ? Tiens papa tiens maman.

Père : Alors Thésée je vais vous poser une question.

Thésée : Je vous écoute.

Père : Vous avez pas d’enfants vous ?

Thésée : SI mais je ne m’en occupe pas.

Enfant : Vous ne les nourrissez pas ? Vous ne travaillez pas pour les nourrir ? Vous êtes nul comme père.

Thésée : Peut-être. J’ai eu des aventures… Mais c’est pas à moi de m’expliquer devant vous quand même. Rappelez-vous d’où vous venez et qui je suis.

(Ils continuent à parler des enfants de Thésée)

Moi ce que je peux vous proposer c’est de venir manger une fois par semaine. Mais que vous il faut pas que ça se sache.

Mère : Et les autres ?

Thésée : Qui les autres ?

Mère : Les autres.

Thésée : Les autres enfants ?

Mère : Les autres paysans.

Thésée : Ah non justement vous ne répétez pas. Plus y en aura au courant mois vous en aurez. Vous venez avec vos enfants. Allez j’accepte dix personnes. Il y aura du pain des fruits.

Enfant : Mais moi je comprends pas, vous n’avez pas d’enfants à nourrir, vous avez plein de choses à manger autour de vous et nous on vis à dix dans une pièce et on n’a rien à manger.

Thésée : Faut bien que je nourrisse mon personnel aussi.

Enfant : Personnel c’est quoi ?

Thésée : Les gens qui travaillent pour moi.

Enfant : Vous avez des gens qui travaillent pour vous ?

Thésée : Bien sûr.

Enfant : Vous les payez ? Et vous avez de l’argent d’où vous ?

Thésée : Les impôts.

Enfant : Nous on paie on vous donne de l’argent et on n’a plus rien à manger.

Thésée : Voilà.

Enfant : Je comprends pas, c’est nul.

Thésée : Qu’est-ce qu’elle comprend pas votre fille ?

Enfant : C’est nul comme système.

Thésée : C’est un système qui tient à peu près la route.

Mère : Ben non justement.

Thésée : Bon il commence à partir un peu en cacahouètes.

Père : c’est vrai Thésée ça fait des années que je travaille pour vous. Vous m’avez rien payé.

Thésée : C’est pas à moi de vous payer. C’est à votre propriétaire.

Père : C’est vous.

Thésée : C’est pas moi qui les gère. C’est un peu raccourci ça comme idée. Les propriétaires paient un impôt à la cité pour réparer les carrefours.

Mère : Arrêtez de les payer. C’est nous les propriétaires.

Thésée : Je ne les paie pas, ils se paient tout seuls. Ce n’est pas à moi tout ça, c’est à Athènes.

Enfant : Pourquoi on s’en va pas d’Athènes ? C’est nul.

Thésée : Ça peut-être une solution, si vous pensez vous en sortir mieux ailleurs.

Père : Je peux vous poser quelques questions. On m’avait dit que vous aviez des enfants, vous ne savez même pas où ils sont.

Enfant : Moi mon père il s’occupe de moi il fait tout ce qu’il peut moi je le vois. Il travaille tous les jours et ma mère fait pleins de choses je le vois.

Thésée : Ça sert à quoi tu crèves la dalle.

Enfant : Ben oui.

Elle le dispute. 

Thésée : Je suis le roi alors arrête de crier dessus la gamine.

Donc je vous ai fait une proposition, vous acceptez vous refusez, voilà.

Père : On peut pas faire ça ça ne suffira pas.

Thésée : Vous amenez des sacs.

Enfant : Si c’est ça vous n’avez qu’à changer de place, nous on vient habiter ici et vous vous allez chez nous.

Thésée : Bien sûr et vous allez faire comment pour diriger Athènes ? Si je suis ici c’est que je suis au centre d’Athènes et que je suis au centre de tout. Les armées qu’il faut diriger les nobles qu’il faut un peu calmer.

Père : Mais vous n’avez pas vu les mères de vos enfants ?

Thésée : On n’est pas là pour parler de mes enfants. Je les ai pas vus depuis longtemps.

Enfant : Vous ne les voyez jamais ?

Thésée : Non. Je sais même pas comment ils s’appellent alors au bout d’un moment. On n’est pas là pour parler de mes enfants quand même. On est là pour essayer de vous trouver une solution à vous. Je vous en trouve une et c’est non tout le temps alors qui est-ce qui refuse toutes les solutions ? C’est moi ou c’est vous ?

Père : Mais c’est qu’une fois par semaine vous comprenez. Nous on veut manger tous les jours. Vous ne travaillez même pas.

Thésée : je travaille pas ? Je crois rêver.

Enfant : C’est quoi votre travail alors.

Thésée : Diriger Athènes répondre à des gens comme vous.

Mère : Ça marche pas bien.

Thésée : On fait ce qu’on peut voilà.

Enfant : C’est parler en fait.

Thésée : Parler donner des ordres réfléchir.

Enfant : Parler donner des ordres réfléchir.

Père : Allez on s’en va.

Ils partent. 

Thésée : La porte est derrière vous. C’est incroyable je donne des solutions ils veulent même pas. Ils veulent tout.