Comme bien des structures culturelles, nous sommes heureux d’apprendre la réouverture prochaine des salles de spectacle … Mais parce qu’il y a toujours un « mais », nous restons assez sceptiques quant au dénouement de cet après crise sanitaire (pas complètement terminée).
Cette réouverture tant espérée et tant promise ne doit pas occulter le malaise qui s’est installé au fil des mois dans un secteur fragilisé et en souffrance. Adaptabilité a été le maître mot pendant plus d’un an maintenant et nous nous y sommes pliés pour pouvoir maintenir une grande partie de notre activité. Mais qu’en est-il de nos confrères, consoeurs intermittent.e.s et salarié.e.s du spectacle dont la situation à l’issue de l’année blanche est plus que précaire et incertaine ?
C’est pourquoi nous sommes pleinement solidaires de l’occupation des lieux culturels qui s’est étendue sur tout le territoire depuis presque trois mois, afin notamment, de lutter contre la réforme de l’assurance chômage et pour le prolongement de l’année blanche ainsi que son élargissement à tou.te.s les intermittent.e.s de l’emploi.
Pour ce mois de mai, où nous pouvons faire ce qu’il nous plaît* [ *enfin presque … dans la mesure du respect des gestes barrières et du protocole sanitaire, port du masque obligatoire, jauge limitée à 35% de sa capacité uniquement pour un public assis sous réserve d’un pass sanitaire, couvre-feu à 21h … ], nous avons repris “quasiment” normalement nos activités !
Ainsi, jeudi 6 mai marquait la fin de notre marathon de représentations à destination des professionnels du secteur éducatif, social et culturel : 4 jours, 6 représentations, 6 spectacles, 25 comédien.ne.s mobilisé.e.s, 2 régisseurs, 1 metteuse en scène et près de 85 spectateur.rice.s ! ! Une belle performance pour parler de sujets forts à hauteur d’adolescent tels que le consentement, le harcèlement, les discriminations, le sexisme ou encore le handicap.
Quelques beaux moments de communion entre artistes et public …
Un grand merci à la MJC Duchère pour leur soutien et pour nous avoir mis à disposition la salle de théâtre.
Notre projet sur les frères / soeurs ennemi.e.s se poursuit à la Duchère avec les jeunes du Centre Social de la Sauvegarde et du Secteur Jeune de la MJC.
Progressivement, nous avons axé nos interventions en vue de la réalisation d’un clip vidéo autour de la lutte fratricide entre Étéocle et Polynice, les deux fils d’Oedipe qui s’affrontent pour le pouvoir de Thèbes … Dans cette optique, nous leur avons proposé des ateliers cascade encadrés par notre comédien cascadeur, Kevin Teixier, afin de les préparer aux scènes de combat !
Chacun a pu régler ses comptes …
Un grand bravo aux jeunes pour s’être prêtés au jeu !
Après plus d’un an d’attente pour cause de confinement et reconfinement, nous avons enfin pu commencer nos ateliers avec les jeunes du Refuge à Vaise.
Voici l’extrait d’un échange que nous avons eu avec certains de ces jeunes, à partir du mythe d’Étéocle et Polynice, où nous nous interrogeons sur la fraternité au sens large, sur le communautarisme et ses dérives ainsi que sur le vivre-ensemble de nos jours.
Première jeune : “Au final, c’est la même raison pour laquelle on fait la guerre, c’est pour être libre. Être libre de faire ce qu’on veut, être libre de faire ses propres choix. Mais, on se tire dans les pattes … la communauté LGBT veut être libre de faire ce qu’elle veut. Pareil pour la communauté noire et pour toutes les communautés.”
Deuxième jeune : “Le problème c’est qu’il y a des extrémistes partout.”
Première jeune : “Mais c’est ça le truc ! J’ai vu un truc … j’ai vu un groupe féministe mais que noire !”
Deuxième jeune : “Les afro-féministes”
Première jeune : “Oui afro-féministe ! Je veux bien, j’en suis, je suis dans l’équipe. Mais ça me pose problème parce qu’à un moment on se victimise en permanence. (…) On trouve rien de mieux à faire que de créer dans les grandes communautés des annexes : il y a le groupe LGBT et donc on va faire un groupe LGBT que gay, un groupe LGBT que lesbien, un groupe LGBT que lesbien mais qui ne se bat pas pour la PMA, etc. Après ça te fait un espèce de kraken et tu ne sais pas qui t’attaque !”
Troisième jeune : “Alors qu’on pourrait être tout simplement soudés !”.
Le retour à l’école des collégiens et des lycéens marque également pour nous la reprise des ateliers de théâtre hebdomadaires à destination des jeunes dans les différentes structures partenaires.
Ainsi, tous les mardis, nous reprenons du service dans le cadre du dispositif de raccrochage le Fil d’Ariane (Fondation d’Auteuil) à destination des jeunes déscolarisés au lycée Frédéric Faÿs et Alfred de Musset à Villeurbanne.
Les jeudis signent notre grand retour (et commencement ?) des ateliers avec les jeunes de la classe UPE2A du collège Jean Philippe Rameau à Champagne-au-Mont-d’Or. Cette fois-ci sera la bonne !
Les vendredis sont consacrés à nos interventions artistiques autour de l’oeuvre, Un fils de notre temps, adaptée par Jean Bellorini auprès des jeunes de l’Établissement Pénitentiaire pour Mineurs à Meyzieu.
Enfin, après un mois de halte forcée, nous revoilà sur les chemins de l’école avec nos représentations destinées aux scolaires … et nous commençons fort avec L’Ascenseur, le jeudi 20 mai, au collège Sabine Zlatin à Belley pour prendre de l’altitude sur les discriminations et les préjugés que nous avons tou.te.s. ! Puis nous plongerons dans les méandres d’une cour de collège avec Les Hippocampes, le jeudi 27 mai, au collège André Malraux à Romans.
Un redémarrage en trombe qui, nous l’espérons, ne s’essoufflera pas !
A bientôt